🥖 Portrait de Mamadou, apprenti Boulanger

Le CAMINO est un dispositif d’accueil et d’accompagnement porté par l’UCRM. Hébergé en partie au Centre de Formation Saint-Louis, il permet aux jeunes mineurs non-accompagnés d’acquérir une situation stable et autonome, à travers la formation. C’est le cas de Mamadou, en CAP Boulanger depuis 2018. Il évoque avec nous sa situation actuelle et ses projets pour l’avenir.

Création boulangère de Mamadou. © Mamadou / 2021

Tu es en formation depuis trois ans maintenant. Comment cela a t-il démarré ?

Mon CAP a commencé en 2018. Avant ça, j’ai essayé de me diriger vers la vente et l’électricité, mais ça ne m’a pas plu. C’est lors d’une sortie avec mon éducateur, en passant devant une boulangerie, que j’ai réalisé combien le métier de boulanger était présent et valorisé en France. J’ai donc rejoins le CAP Boulanger de la Chambre des métiers et de l’artisanat de la Haute-Garonne. Pendant deux ans, je me suis formé au sein de la grande surface Auchan Gramont, où j’exerce encore actuellement.

 

Quelles sont tes missions exactement ?

J’occupe plusieurs postes, là où je suis. Mes principales missions concernent avant tout la préparation des pains et des viennoiseries quotidiennes : mesure des ingrédients, prise de température, pétrissage de la pâte, mise en pétrin, cuisson. J’effectue également des missions d’entretien : nettoyage des fours et des cuves, rangement. Tout cela sur des journées assez chargées, qui commencent dès 5 heures du matin.

 

« J’AI RÉALISÉ COMBIEN LE MÉTIER DE BOULANGER ÉTAIT VALORISÉ EN FRANCE. »

 

Éprouves-tu des difficultés particulières dans ton apprentissage ?

La recherche de contrat a été le plus compliqué. J’ai dû soumettre pas mal de candidatures avec mon éducateur, avant de trouver un lieu d’accueil. La 1ere année a également été assez difficile, le temps de tout maîtriser : la technique, la prise en main des machines. La seconde année s’est beaucoup mieux déroulée. Tellement bien qu’à la fin de mon CAP, j’ai décidé de passer la mention complémentaire spécialisée, pour apprendre d’autres préparations (baguette tradition, pain complet). Aujourd’hui, je n’ai plus de difficultés particulières. Je suis même capable de former des gens sur les postes de cuisson en rotation, mais pas encore sur les préparations de pain bio, pain complet ou en farine de maïs.

 

Ensemble de viennoiseries © Mamadou / 2021

A quels moments intervient le Camino dans ton apprentissage ?

Les accompagnateurs du Camino m’aident avant tout sur la validation de mon CAP, en me suivant sur la rédaction du dossier, sa mise en forme mais également la préparation de mon oral : comment présenter au mieux ma formation, les choix que j’ai fait et mes projets.

Justement, quels sont tes projets pour la suite ?

J’ai un projet, que j’aimerais porter d’ici 5 ou 7 ans, le temps de me perfectionner. Je souhaiterais développer l’activité de boulanger dans mon pays d’origine, la Guinée, et plus particulièrement là d’où je viens. Car le métier de boulanger est très mal perçu là-bas. Les cadres, voire les employés de bureau sont beaucoup plus valorisés. Mon projet consisterait à la fois à trouver des investisseurs, pour accompagner les futurs boulangers dans la formation, mais également sensibiliser les gens, pour faire évoluer les mentalités.


« J’AI DÛ SOUMETTRE PAS MAL DE CANDIDATURES AVANT DE TROUVER UN LIEU D’ACCUEIL »

 

Comment comptes-tu t’y prendre ?

En montrant sur place ce dont je suis capable – en montrant aux gens mes créations en boulangerie et en pâtisserie. Mais surtout en racontant mon histoire, mon parcours – comment je suis venu en France pour apprendre le métier, comment il est possible d’en vivre et d’être reconnu pour ça. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur, et qui va donc me demander beaucoup de temps avant de pouvoir être concrétisé.

[Entretien réalisé le 18 juin 2021]

 

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